Une Cure en Bourgogne

   26/05/2007          Retour          

Baigné par les eaux de la Cure, le petit village de Saint Père, à l’ombre touristique de l’illustre colline, abrite une église qui, selon les mots de Romain Rolland, est une « fleur d’art gracieuse et parfaite ». C’est là qu’au Moyen Age s’installèrent des moines qui pour échapper aux envahisseurs normands, transférèrent leur abbaye sur une hauteur voisine : Vézelay. Alors même que l’abbaye commençait à perdre de son éclat au XIIIe siècle, une église de style gothique était érigée à 2 km de là, à Saint Père. On ignore le nom de son fondateur et la date de construction de l’édifice. Viollet-le-Duc faisait remonter le début des travaux à l’an 1240.     L’église se signale de loin par sa haute et fine tour, l’une des plus élégantes de l’Yonne. Tous les étages sont percés de belles ogives géminées. Anges musiciens, guerriers en marche, serpent ou dragon enroulé festonnent angles et frises. L’architecte qui conçut cette tour au XIIIe siècle ne l’a pas coiffée de sa flèche de pierre. Ce n’est qu’au siècle suivant qu’elle fut couverte par une œuvre de charpenterie, aujourd’hui remplacée par une construction en ardoise qui culmine à 50 m de hauteur. Le monument est également remarquable par son fronton qui, lui aussi, date du XIIIe siècle. Celui-ci, disait Prosper Mérimée, « reproduit en beau ce que le fronton de Vézelay est en grand ». Il présente sous forme pyramidale un groupe de dix sculptures dont le Christ, la Vierge Marie et sainte Marie-madeleine. Le porche conserve le souvenir d’une riche statuaire. Si le tympan a pu garder son Jugement dernier, des niches vides et des personnages décapités témoignent de la malveillance passée des hommes. A la profusion ornementale de l’extérieur s’oppose la sobriété intérieure de l’église. Le visiteur ne quittera pas le sanctuaire sans avoir laissé son obole comme l’y invite une longue inscription placée sur l’un des piédroits de la porte du XVe siècle. Il ne quittera pas non plus la région sans avoir flâné au milieu des « fontaines salées », anciens thermes gallo-romains qui, non loin du village, rappellent l’occupation du site, il y a déjà deux mille ans.